L’APPORT DE L’HYPNOSE EN IMAGERIE INTERVENTIONNELLE

L’APPORT DE L’HYPNOSE EN IMAGERIE INTERVENTIONNELLE

Qu’est-ce que l’hypnose ?

Il est difficile de donner une définition courte et précise tant la pratique de l’hypnose est vaste. Elle varie selon les auteurs et leurs champs d’application. C’est un phénomène naturel que l’on expérimente au quotidien en lien avec notre état de conscience. Ce n’est pas magique, nous nous égarons plusieurs fois par jour dans nos pensées. C’est être là sans être présent, une sorte d’isolation sensorielle. L’hypnose est un phénomène induit contrairement au mode naturel par défaut. Qu’elle soit de l’ordre du spectacle, de la psychothérapie ou du monde hospitalier, nous retenons que c’est un « mode de fonctionnement psychologique par lequel un sujet en relation avec un praticien, fait l’expérience d’un champ de conscience élargie ». L’hypnose est définie par le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales comme « un état de passivité semblable à celui du sommeil, artificiellement provoqué, chez un sujet qui reste en partie conscient par des manœuvres de suggestion ». Dans tous les cas, l’hypnose s’inscrit dans une relation. C’est avant tout une rencontre entre deux personnes. Le terme d’hypnose ne désigne pas seulement un état de conscience modifié, mais également de façon concomitante une forme de relation à l’autre ». Outre le côté relationnel, l’hypnose autorise l’accès à un état de conscience modifié, autrement dit une transe. « Il s’agit d’un état dans lequel le patient a une perception élargie de ses propres potentiels, ressources et capacités ». Les perceptions de cette veille paradoxale permettent la phase de travail, un éloignement du symptôme. En hypnothérapie ou en hypnose médicale, cette transe peut entraîner un changement, une mise en mouvement grâce à des métaphores et des suggestions plus ou moins directes et post-hypnotiques.

Comment se passe une séance d’hypnose ?

La personne arrive focalisée sur son symptôme, figée par sa situation. Le praticien en hypnose accueille le patient immobilisé avec une réelle empathie émotionnelle et cognitive. Dans un premier temps, il se doit de créer une alliance thérapeutique pour recueillir les attentes et objectifs thérapeutiques du patient. Après ce temps d’accordage et une installation confortable, débute la phase d’induction. Cette étape, à durée très variable, consiste à fixer l’attention, par exemple en convoquant le sensoriel. Elle autorise un jeu avec les perceptions corporelles. Cette attention sensitive permet d’accéder à notre partie non consciente, diminue notre facteur critique et invite notre capacité d’imagination : c’est la dissociation. L’entrée en transe autorise l’élargissement et le développement d’une nouvelle perception. C’est la « percéptude » de François Roustang, pour qui l’hypnose, « c’est d’ignorer tout ce que je sais faire ». Cette phase dissociative consiste à élever et modifier cette perception subtile. Dans le but, d’ouvrir une fenêtre thérapeutique grâce aux suggestions. Une mise en mouvement peut apparaître et se propager à l’ensemble du corps. Le patient devient alors artisan de sa vie. Il consent à enjamber les habitudes et les automatismes pour emprunter le chemin du changement et de la guérison. Les métaphores, analogies créatives et suggestions hypnotiques autorisent l’amorce d’un travail. Le praticien propose la fin de la séance avec autant de bienveillance qu’à la phase d’induction puis veille à l’agréable retour à l’état de conscience critique. Néanmoins, le praticien en hypnose doit respecter une éthique déontologique. C’est à dire que l’intérêt et le bien-être du patient ou sujet doit constituer un objectif prioritaire. De plus, « il n’existe aucune contre-indication neurologique ou psychopathologique à l’utilisation de l’hypnose tant que le praticien reste dans son champ de savoir, d’expérience et de compétence. »

Manipulateur en électroradiologie médicale depuis vingt ans, j’ai eu la chance de connaître plusieurs services d’imagerie avec leurs spécificités dans différentes régions de France. En imagerie, les modalités telles que l’échographie, la scanographie, la radiologie et la remnographie sont de plus en plus performantes et en perpétuelle évolution. Elles fournissent des images médicales précises, de qualité et dans un temps record. De plus, elles se développent tant sur le plan diagnostique que sur le plan interventionnel. L’accessibilité à ce plateau technique peut se révéler compliqué dans un parcours de soins, les délais de rendez-vous étant souvent longs. Afin de réduire l’attente, les examens sont optimisés : c’est le temps machine. Malgré le caractère technique et les contraintes horaires, il y a le temps patient, cette relation soignant-soigné. Le côté soignant de ma profession me semble tout aussi important que le côté technicien. Nous sommes même des soignants à part entière, bien que considérés par l’institution comme personnels médicotechniques. On ne peut réduire le patient à une région anatomique à explorer, prétexter un écran plombé ou informatique pour rester à distance du soin. Le patient ne se résume pas à une image de qualité à interpréter ou à traiter. Par expérience, la réalisation d’un bel examen passe aussi par une bonne communication. Nous obtenons une meilleure collaboration (immobilité, apnée), quand le patient se sent bien accueilli et comprend le but de son examen. Une réelle écoute, une bonne observation et une information claire permettent de l’accompagner au mieux malgré son appréhension de l’examen. Par ailleurs, j’ai pu constater pendant ces années à travailler de nuit en imagerie d’urgence, que notre profession était régulièrement confrontée à la douleur et l’anxiété. Comment accompagner un patient hyperalgique ou anxieux malgré son bref passage en radiologie ? Comment aider, par les mots, le patient en manipulant sa luxation d’épaule ou sa fracture ouverte ? Quelle posture utiliser pour rassurer une personne angoissée par une oppression thoracique ? La plupart du temps, l’implication du patient, guidée par l’empathie du soignant, permet de réaliser un bon examen radiologique. En soutenant avec ses mains, le manipulateur exerce pleinement sa place de soignant, il établit une relation de confiance par une position bienveillante. Afin de construire celle-ci, il se doit de rassurer le patient en employant un langage simple, ou en détournant la situation avec de l’humour conciliant.

Extrait de « l’apport de l’hypnose en imagerie interventionnelle » de PETRIGNET Arnaud Manipulateur en Électroradiologie Médicale-2022

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